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All the characters are fictional.
21 octobre 2009

Le syndrôme d'Amélie Poulain

C'est comme ça. Je ne peux m'empêcher de romancer toutes mes pensées. Je me transpose à tous les coups dans un monde de rebondissements, de romantisme, de petits nuages, de perfection. Un monde dans lequel même l'imperfection devient parfaite. Un monde dans lequel n'importe quel défaut devient charmant. Je n'arrive pas à briser le miroir sans teint qui sépare la réalité du conte de fée.
Et qu'arrive-t-il? le temps avance, le moment arrive, la réalité rattrape l'imagination et la face s'écrase contre le miroir.
Le pique-nique au bord du ruisseau qui tourne à l'invasion d'insectes, ce n'est pas ça. Ça c'est la parfaite imperfection. C'est le deuxième degré du romantisme, qui a déjà atterri depuis longtemps dans les romans d'aujourd'hui et qui est toujours du romantisme. Comme l'approche "je n'ai rien trouvé à te dire mais il fallait absolument que je vienne te parler car tes yeux sont les plus beaux du monde et que si tu détournes ton regard maintenant je n'aurai plus très envie de vivre", du deuxième degré auquel le premier n'a rien à envier. Non, ce qui caractérise ce genre de moment c'est juste une gêne horrible couplée à une "redescente sur terre". Il ne reste que ça. Une descente d'amphétamines en accéléré, en instantané. Boum, en morceaux, par terre, à ramasser à la serpillère, mais la vieille, pour ne pas rendre la nouvelle inutilisable.
Quand le taximan refuse de "suivre la voiture rouge à tout prix!". Quand le bus pour nulle part pris par hasard vous dépose réellement nulle part et qu'il faut rentrer à pied sous la pluie. Quand l'histoire censée provoquer rires ou larmes ne reçoit qu'un regard "c'est-qui-ce-type...". Quand un agent de police vous tape sur l'épaule alors que vous être en train d'écrire à la bombe sur un train "j'ai toujours voulu le faire".
Quand vous avez surpris une fille avec une bouteille de vin à 30€ mais que vous n'aviez pas de tire-bouchon, que vous avez cassé le goulot sous le regard méprisant des passants et que vous vous êtes coupé la main et avez renversé ce qui restait sur votre pantalon, ce qui vous vaudra une dizaine de remarques de la part de votre mère.
Ça paraît drôle, dit comme ça, mais c'est horrible. La fille ne rit jamais dans ces moments-là, comme elle est censée le faire. Ou alors d'un rire forcé, pire encore.
On devrait interdire l'imagination. On ne devrait pas être autorisé à réaliser dans sa tête le film de sa vie, une semaine à l'avance. Trop de cinéma, trop de bouquins, trop de rêves. A quoi bon vivre autre part que dans un roman de Nicolas Rey?
Dans un de ses "romans", ce charmant petit enfoiré fait boire quatre Leffes à son "héros" avant de le faire se lever sur la table, au milieu du café, pour réclamer l'attention des autres clients. "Mesdames et messieurs, je suis très amoureux et j'ai besoin de votre aide." qu'il dit avant de donner une rose à chacun des quidams, qui l'offriront tout au long du trajet de la belle qui sort de sa pharmacie pour rentrer dans son trois-pièces.
Quand moi je me suis levé, d'abord personne ne m'a regardé. J'ai essayé d'attirer leur attention mais ma voix s'est étranglé dans ma gorge. Le garçon n'a même pas eu besoin de me demander de descendre, j'ai laissé l'argent sur la table et je suis sorti sous quelques regards "c'est-qui-ce-type..." en me jurant qu'on ne m'y reprendrait plus, puis on m'y a repris.
J'en deviens cinglé, je crois que ça va réellement me rendre fou ou du moins me faire passer pour tel. Ça me rend de plus en plus cynique et indifférent, je ne fais plus attention à ce que je dis. L'autre jour, en scéance de labo, je réponds à la question de l'assistante devant toute la classe "Peut-être que le test au glycol n'a rien donné à cause de la trop grande viscosité de notre solution. Ou peut-être que je vous aime.", tout ça sans le moindre accroc, avec l'air du type qui n'a pas dormi depuis trois jours et qui survit sous Prozac. Je me sens comme Erlend Loe dans "Naïf. Super." quand il explique aux parents de sa nouvelle petite copine lors d'un premier dîner combien il est rassurant de lancer une balle contre un mur durant des heures. Je deviens de ceux qu'on appelle gentiment des excentriques. J'ai beaucoup plus de considération pour les excentriques depuis lors d'ailleurs.
Romantisme + réalité = cynisme d'insomniaque = détachement.
Peut-être que je pourrais arrêter de me projeter dans le futur, de calculer, de perfectionner. Que je pourrais me couper les cheveux et trouver du travail. Je devrais faire les choses qu'on peut faire et qui sont faites habituellement. Je pourrais dire ce que je peux, et garder pour moi le reste. Etc.

Sauf qu'une fois, une fois ça a marché. Une fois j'ai attendu toute une nuit, sous la pluie, sous une fenêtre allumée puis éteinte. J'ai fumé le traditionnel paquet de cigarettes. Et au matin, elle a ouvert. Bonheur, joie, soulagement, mysticisme, paix intérieur, indescriptible.
Rien que pour cette fois là, rien que pour le moment où elle a ouvert et les larmes dans ses yeux (je ne parlerai pas du reste de l'histoire), rien que pour cette fois, je continuerai. Ne fut-ce qu'en hommage à cette nuit. Car j'ai été sincère. Et heureux. Pour la première fois.

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Commentaires
A
Ce fameux cynisme simonien. Il me manque, parfois.<br /> <br /> J'aime te (re)lire. Peut-être un jour seras-tu réellement en vente chez nos marchands de journaux (rapport au dernier article). Ce jour-là, je me mettrai probablement à sourire béatement devant le présentoir pendant une bonne dizaine de minutes et personne ne saura pourquoi. <br /> <br /> Déjà lorsque Erase parle de toi comme un "presque-mythe", ça me fait sourire. Parce que je te vois de la même façon. Quelque chose entre le réel et l'irréel mais de complètement fascinant.<br /> <br /> Continue à me faire rêver.
E
Ahhlala, si tu savais ^^<br /> J'ai fait une croix depuis... Maintenant à peu près 1an et demi, sur l'habitude que j'avais de discuter avec des gens du net, de m'accrocher, d'avoir besoin de ces gens pour trouver mon équilibre.<br /> J'ai trouvé mon équilibre, mais je viens encore, souvent, voir si il y a de nouveaux articles ici, parce que... C'est pas que j'me reconnaisse dans tes textes, mais plutôt que c'est hyper intéressant de suivre ta "progression" a travers ce que tu écris. Et ça doit faire 3ans que je suis ça, maintenant, t'es presque un mythe pour moi xD Nan mais, une petite habitude que j'aime bien !<br /> Breef, la ça m'a fait plaisir de voir du nouveau, j'ai bien aimé, alors je t'en fais part.<br /> Bonne continuation !
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