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All the characters are fictional.
8 janvier 2010

08/01/2010

Vendredi 8 janvier, numérisé pour toujours dans les méandres d'un serveur.

9h30. Mon réveil sonne, c'est un réveil Gaston Lagaffe. Je l'ai posé sur mon bureau la veille vers 3h du matin. Pour être obligé de sortir de mon lit pour l'éteindre, pour être sûr que je me lève.
Pourquoi déjà, que je me demande, puis je me rappelle que j'ai un examen aujourd'hui. De quoi, que je me demande, puis ça me revient d'un coup, Stratégie d'entreprise. D'un coup j'entrevois l'idée d'un jour tout oublier au réveil et l'angoisse m'oppresse un peu le thorax. Mais j'entrevois aussi mon érection matinale, alors j'enfile un peignoir parce que putain ça caille!

Je descends les escaliers, crache dans l'évier de la salle de bain au passage et arrive dans la cuisine. Tout le monde dort encore, dehors les cages en métal sont réveillées et défilent à la fenêtre. Je les regarde un peu, une brique de lait à la main. Puis je mets 3 cuillères à café de café dans le perco, le remplit d'eau et appuie sur ON. Je me verse une tasse de lait et je m'assieds à la petite table ronde, en plastique style table dans le jardin, en buvant mon lait, le regard dans le vide, en attendant que le café passe.

Je me sers une tasse de café et remonte dans ma chambre, au deuxième étage. Je fais tomber le peignoir, enfile le jean qui traîne par terre, un tshirt et un pull qui ne se quittent plus depuis trois jours puisque je les enlève et les remets d'un seul coup.

J'allume mon ordinateur ou plutôt mon MacBook, je bois un peu de café en attendant qu'il soit opérationnel. Je tire une cigarette de mon paquet, je clique sur iTunes et sur Firefox, puis j'allume ma cigarette. Je tire quelques taffes en attendant que la fenêtre iTunes apparaisse (elle apparaît toujours avant Firefox). Je lance les dernières pistes que j'ai téléchargées la veille, un album de Wax Tailor. Puis je vais lire mes mails mais y'en a qu'un ou deux sans intérêt. Puis je clique sur lesoir.be et je vais voir les news. Y'a Justine et Kim en finale, cool. Y'a rien d'autre à faire. Alors je repousse un peu l'ordi, descends un peu le son et j'attrape le bouquin de Stratégie. Merde mon café est froid.

Je feuillette le bouquin en énumérant mentalement les différents facteurs clés de succès qui composent chacune des 5+1 forces de Porter. Je continue pendant une petite heure, avançant dans le bouquin et énumérant mentalement les différents concepts. Au hasard, avantage concurrentiel durable, pouvoir de négociation des fournisseurs, prolifération, domaine d'activité stratégique, matrice d'Ansoff, logique de gestion de portefeuille. J'agrémente mes argumentations de quelques exemples qui en jettent, Zodiac, Bolloré, Plasco, Ryanair, Nintendo, Ikea, H&M, BMW, LVMH. Je suis prêt.

Je descends, me ressers une tasse de café, la réchauffe au micro-ondes, tire une autre cigarette de mon paquet et vais dans le salon. Quentin a allumé un feu et il joue au poker sur son ordi. On se salue, je me réchauffe un peu les fesses en essayant d'imaginer un quelconque sujet de conversation, puis je remonte.

Je passe en revue quelques trucs que je connais déjà mais j'ai un peu peur d'oublier entretemps. Il est 12h10. Je prépare mon sac, j'y fourre quelques bics, le bouquin, mon résumé, etc. puis je vais sur le quai attendre mon train. Il arrive avec une minute d'avance, je jette ma cigarette sur les rails, signale au contrôleur que je n'ai pas de billet et monte.

Une fois dans le train, je m'installe pas loin d'une fille. Toujours s'installer pas loin d'une fille. Je sors mon gros bouquin de strat pour l'impressionner un peu, je tourne les pages. Le contrôleur arrive, un jeune type. Il regarde ma carte de réduction "famille nombreuse" avec quelque suspicion. Je réalise que je ne l'ai pas faite renouveler pour 2010 et qu'elle n'est plus valable. Je fais valoir au type que l'autre est commandée mais que je ne l'ai pas encore, ce qui est un gros mensonge. Mh-mh qu'il dit, puis il tape mon billet sur sa machine, je me demande si il a fait ma réduc. Je lui tends un billet de 50€ mais il n'a pas de monnaie. Il va voir si il en a dans son portefeuille qu'il dit, puis il s'en va à l'arrière du train. J'attends mais il ne revient pas. On arrive à Ottignies, je me lève en même temps que la fille, je souris d'un air "bon bah tant pis, c'est cool" et elle me répond d'un sourire "ouais tant pis, cool pour toi!" puis je lui envoie un sourire "ouaaais... sinon un café ça te dit?" mais elle ramasse son sac et sort. Je rassemble mes affaires, jette un dernier coup d'oeil pour voir si je n'ai rien oublié et sors.

Je descends dans le souterrain de la gare, puis je vais au guichet mais y'a une file de taré. Le truc c'est que si je monte dans le Ottignies - Louvain-la-Neuve sans prendre de billet, soit je préviens le contrôleur et il me taxe 2,5€ parce que j'avais qu'à aller au guichet plus tôt, soit je dis rien et si il me chope ça me fait 12,5€. Alors que foncièrement c'est dégueulasse puisque ma gare d'origine ne possède pas de guichet et que j'ai bien tenté d'en acheter un dans le premier train... Bref, je me rappelle qu'il y a des bornes automatiques et je vais m'acheter un ticket avec ma carte de banque.

Je m'installe pas loin d'une fille, mais j'ai pas à chercher, y'en a toujours plein dans ce train. Elle a une petite jupe rouge, des bas style moulin rouge et des petits souliers à la Fred Astaire, un gros bonnet, des yeux maquillés et est dans les 20 dernières pages de son énorme roman. Je la regarde longtemps mais elle ne lève pas les yeux de son livre. Et de toute façon elle s'en fout royal, comme l'autre d'avant, et comme toutes les autres d'ailleurs.

On arrive. Je descends, je suis un peu la fille, puis je vais vers les auditoires Agora. Il est 13h et mon examen est à 14h. J'entends deux types qui parlent de bouffe et j'ai faim. Je rentre dans une boulangerie. La boulangère, je la connais, est une vraie pétasse, ultra énervante, un genre de robot qui fait "Ouiiiiiiiii?", "Nonantes centiiiiiimes" "Et voilàààààà, quinze de retoooour, une bonne journéée? Orvwar...". Elle dit les mêmes mots à chaque fois. Et à chaque fois je ne sais pas ce qui me retient de sauter par dessus le comptoir et de lui péter sa gueule. D'ailleurs je ne sais pas pourquoi je reviens à chaque fois dans cette boulangerie. Sans doute parce qu'elle est blonde.

J'arrive dans le hall des auditoires, je vais m'asseoir dans une espèce de petite arène, sur les escaliers. Il y a plusieurs personnes, deux ou trois qui sont plongés dans leur "Stratégie" rempli de marque-pages de toutes les couleurs. Je sors le mien pour me fondre un peu dans la pauvre petite masse. Mais j'arrive pas à baisser les yeux et je ne fais que regarder tous les gens, en me demandant pourquoi ils sont là, eux aussi, si tôt. Y'a une autre pétasse, qui arrête pas de réciter tout haut son cours de merde et de rire, genre hystérique, avec ses deux potes mâles, un peu mal à l'aise. Quelle conne, elle voit pas qu'elle fait chier tout le monde? Je regarde son pote en espérant recevoir un petit regard "désolé man, j'y suis pour rien" mais non, il me méprise un peu.

Les gens arrivent, ça se remplit, c'est un peu pénible. Taper la conversation en attendant que les portes s'ouvrent, les gens ultra tendus, certains sont hyperactifs, rigolent des dernières vidéos youtube, en font un peu trop. D'autres sont dans leur bulle, hypnotisés par une ou deux feuilles gribouillées, d'autres essayent de retenir encore deux ou trois trucs avant d'entrer.
Les portes s'ouvrent, tout le monde s'engouffre et j'entre en dernier. Mince, pour une fois que j'étais à l'avance. Je pose mon sac, je souris à Gwen, comme à chaque fois avant un examen, et dire que je la déteste mais que pile au moment où nos regards se croisent, j'oublie. Je regarde les assistants qui surveillent. MERDE! Y'a le connard de mec de Gwen. Genre beau gosse, j'ai déjà réussi ma vie et en plus je suis relax décontrax coolos. Je fais comme si j'avais oublié qui c'était quand nos regards se croisent. J'arrive pas à savoir si il sait ou pas ce que sa copine de 8 ans de moins que lui faisait quand elle venait "réviser" avec moi y'a 2 ans et ça fout un peu les boules. Mais j'suis sûr qu'il l'aime pas, Gwen. Connard va.

Je m'installe contre le mur, juste au-dessus du vide de la cage d'escalier, la meilleure place dont personne ne veut jamais. Tour à tour, je remplis le QCM, je réponds aux questions et je regarde les gens qui répondent. Je regarde l'assistant. Il apporte un bic à Gwen. Quelle conne, je suis sûr qu'elle l'a fait exprès pour bien montrer à tout le monde que c'est son copain qui surveille l'examen. Ça me rappelle la fois où elle lui avait gratté des questions pour moi.

Je finis, je vais rendre ma feuille, sans le regarder dans les yeux pour que au cas où il sait pas, bin maintenant il sait. Je prends le temps, de remettre toutes mes affaires dans mon sac, remettre ma veste lentement, et ciao.

Je sors, et vas-y de qu'est-ce que t'as répondu à la neuf. Bon. Bin... ça, et toi? Ah? Bah, on verra hin. Puis je dois attendre que Thibaut finisse son exam pour voir si y'a moyen de rentrer en caisse avec lui. Du coup j'ai une demie heure à tuer. On va manger un burger avec François et Maxime. Ils parlent de films, moi je bouffe, je bouffe jusqu'à ce que j'en puisse plus, je bouffe pour avoir la bouche pleine à tout moment où je devrais intervenir dans la conversation pour donner mon avis sur ces daubes. Puis il se cassent, je sonne à Thibaut, MERDE il va à "Knokke-le-Zoute, comme dans Dikkenek!"... Une nouvelle demie heure à tuer. Je vais dans la gare, file de taré, machine automatique, puis quai et je finis toutes mes cigarettes. MERDE, j'en ai pour trois jours à la maison et j'ai plus de clopes et le train part dans 5 minutes, j'peux pas le laisser passer... Ouf, il me reste du tabac sec à la maison, ça fera l'affaire.
Je monte dans le train, c'est bondé. Je suis debout entre deux wagons. Je croise François, un autre, il me parle fort et tous les gens entendent, ça m'horripile, alors je regarde un peu ailleurs, mais je réponds quand même, plus bas, parce que je veux pas qu'il pense que ça m'horripile. Ottignies, je descends. Dilemme entre deux trains, je prends celui de 18h22 plutôt que celui de 18h04 +15min de retard, question de statistique, le train en retard il sera encore plus en retard plus le temps avance. Puis en fait non, je le vois partir quand je suis dans celui de 22, puis celui de 22 démarre avec 10 minutes de retard aussi, j'ai plus de mots là...

Je suis assis à côté d'un frère-et-soeur, deux petits roux qui lisent chacun un magazine people en flamand en écrivant des sms. Le contrôleur arrive, c'est une meuf, genre dégueu. Les cheveux teints en roux, une pire bouche de suceuse avec du gros bordeaux à lèvre et des paupières bleu ciel. Elle me demande mon billet, je lui tends et lui lance un regard "une pipe pour la forme?", elle me répond par un regard "quand tu veux" et ça m'excite un peu. Je me demande avec combien de contrôleurs elle a déjà baisé, combien de fois dans le compartiment réservé aux contrôleurs, combien de fois dans les toilettes. Le petit con de roux a mal rempli son Go-Pass, évidemment. Elle lui dit "Bah, ça fait rien, ça revient au même" ... Je note quand même l'heure du train, je reviendrai.

Je descends du train, lance un bête sourire à la fille assise de l'autre côté du couloir, puis sors. J'attends que le train se casse et je traverse la voie sinon ça me fait un détour. Je me sens un peu désappointé, pourtant tout roule, je ne sais pas ce qu'il y a. Je rentre, lance quelques banalités genre "ouais" ou "ouais ouais ouais..." puis je monte, remets Wax Tailor, vais voir mes mails, quelques articles sur lesoir.be, quelques autres sur lemonde.fr. Puis je me roule des cigarettes en faisant rien. Je devrais prendre une douche et attaquer mon cours de finance, mais je suis scotché. Le temps passe à une vitesse folle, il est déjà 20h30. 21h. 21h30. Putain! Je me lève une première fois, puis me rassois et me roule une cigarette en allant voir des interviews de Stupeflip sur internet. Puis Arnaud me téléphone, pour voir comment ça va, bien et toi, ça va. Je me relève une deuxième fois, j'écris quelques phrases inspirées par un article du Monde. Je me lève une troisième fois, puis je me rassieds et j'écris tout ça. 22h30. Je rattrape le présent, et hop je reçois un message, ça fait vibrer mon bureau. Je vais finir d'écrire ça, prendre une photo de moi avec PhotoBooth, changer un peu mes cheveux, prendre une deuxième photo, me rouler une cigarette, l'allumer et lire le message.

20 ans, J- 14

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