Derniers tropismes
S'il vous plait, s'il vous plait, ne lisez pas ça.
Je suis quedal. Et il serait temps que je m'en rende compte. "Tu
m'inquiètes" qu'elle m'a dit. Bin tu m'étonnes, moi aussi je
m'inquiète. Ecrire une note à 12h48 comme si il était 4h du mat', ne
plus sortir de sa chambre qu'avec une veste sur son torse nu, juste
pour aller acheter des cigarettes, manger une fois par jour, passer sa
journée à jouer sur des sites de jeux en flash en écoutant des chansons
de 8 minutes, pissoter sa détresse sur un canalblog.
Comment on fait
déjà, bordel? J'ai l'impression d'avoir complètement oublié comment on
fait semblant, comment c'est la vie normale. Je comprends bien qu'il
faut que je réapprenne, mais je ne sais vraiment pas par quoi commencer.
C'est
quand même abusé de marquer ça sur un blog, sans jamais non plus
délimiter la frontière entre la réalité et la fiction, mais (je me
marre là...) je remarque que en fait, la soi-disant fiction que
j'injectais dans mes "notes" s'est injectée dans mes veines et dans ma
vie. C'est un truc de barge, comme si j'étais devenu la bouse que
j'écrivais que j'étais.
J'en causais avec R., pourquoi est-ce qu'on
a envie d'étaler sa merde, de la montrer aux autres. Ici, je profite
complètement du caractère pseudo-fictionnel de ces mots-mêmes pour
contourner toutes les règles de la bienscéance en matière de retenue,
d'humilité, de discrétion, un peu comme si j'avais trouvé un endroit où
laisser exploser mon égocentrisme
Je ne peux pas m'empêcher de
penser à S.. Je sais que ça ne lui ferait pas plaisir (même si
intérieurement peut-être quand même), mais quand je relis les mots que
j'écris, j'y trouve un petit côté self-destruction. Enfin, la sensation
de non-être et le dégoût de soi-même, l'autosatisfaction dans le
pathétisme, la complaisance dans l'inutile et la bêtise (que de jolis
mots pour exprimer ces conneries).
Mais le pire je crois c'est que
maintenant, je n'écris plus que les premières lettres des prénoms dans
mes notes. C'est un peu symptomatique, on ne cherche même plus à
inventer un prénom et à la fois, on ne prend plus la peine de cacher
que ce qu'on dit est vrai. Tout est "un peu" chez moi.
Je vais quand
même vraiment arrêter d'écrire ici, il est vachement plus que temps.
Mais comme c'est la dernière fois, j'en profite encore un peu. Au chaud
dans ma page, là où plus rien n'a d'importance si ce n'est
l'approvisionnement en cigarettes. Je me dis que ce sont les dernières
heures sacrifiées sur l'autel de l'indifférence. C'est marrant mais en
faisant un tour sur moi-même et en regardant ma sale tronche dans une
glace, j'ai eu un peu l'image d'un gros limaçon qui se traîne en
répandant sa bave dégueulasse.
Putain je me demande quand même bien
comment ils font tous les autres. Comment ils font pour être satisfaits
de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont! Ils sont aveugles ou quoi? Mais
par exemple, un gars comme U., comment il fait pour être si tranquille?
Je
me demande dans quoi je vais me lancer après tout ça, après cette note
je veux dire. J'aimerais bien flageller tous ces petits connards qui
prêchent l'économie d'énergie dans les ménages et tout ça. Ceux qui
sont en tête de cette chasse aux sorcières, "Ouuuh, un robinet qui
coule alors qu'il se lave les deeeents!" - "Ouuuuh, il a laissé son
ordinateeeur en veille au lieu de l'éteeeeindre, booouh!". Ouais je
crois que je vais me poiler à faire ça. C'est marrant, j'ai conscience
d'avoir appartenu à l'autre camp "Mamaaan, pourquoi tu mets l'air
conditionné? Ouvre la fenêtre!", ça doit être le besoin d'être toujours
à la marge. Altergénération, youpie.
Je me rappelle une phrase que
A. m'avait dit, je devais avoir 14 ou 15 ans. C'était à peu près "Moi
j'voudrais juste traverser brièvement ma vie en enculant un maximum de
tous ces connards, en vivant du crime, du vol, en violant." Je
comprenais pas vraiment ce qui pouvait être attirant là-dedans, mais
aujourd'hui (je me marre une nouvelle fois...) je saisis totalement le
message.
En fait je devrais aller le trouver A.. Je me le suis
promis depuis un bon bout de temps, mais après tout, c'est lui qui m'a
fait rentrer là-dedans. Ouais c'est vraiment ce que je dois faire en
fait. Merci petit blog de m'avoir donné au moins cette idée. Faut que
j'aille voir A. et puis S. aussi. C'est ma prochaine mission. Mission?
Mission, j'crois que ça vient de mittere en latin (je me gourre
peut-être complètement), envoyer. Et là c'est qui qui m'envoie? Ahah,
je m'envoie moi-même pour me sauver, je suis pas dans la merde ahahah...
Je viens de donner un titre à mon article, amusant non?
Aaaah "I wish the milkman will deliver my milk, in the morniiing" de Aphex Twin dans mon itunes, qui passe, elle est classe celle-là, quand elle sera finie, je la remettrai (voilà).
Il me reste 10 minutes avant de décider si je vais aller au cours.
Ahaha, je pourrais rester comme ça des heures, à écrire tout ce qui me
passe par la tête. Ça n'intéresse personne bien sûr, enfin ça serait
extrêmement égoïste de penser ça, mais j'ai quand même besoin de le
publier, pas que les gens le lisent, juste qu'il soit lisable (pas
lisible). Je sais pas pourquoi.
Je me demande si je suis plus
égoïste que la moyenne. (non, j'ai pas fumé avant d'écrire je vous
jure). Egocentrique sans doute, mais égoïste? Des fois j'essaye de me
prouver le contraire. Comme avec A. à Cognelée. Elle s'était sentie pas
bien (en fait elle s'était carrément évanouie après avoir gobé) et
j'avais passé la soirée (une super soirée d'ailleurs, peut-être la
meilleure de ma vie, enfin parmi celles dont je me souviens dans
l'immédiat) avec elle au lieu d'être dans la fête avec mes potes.
Enfin, j'en sais rien, j'étais bien déchiré aussi, ça compte peut-être
pas, et puis si j'en ressens de la fierté, ça compte encore moins.
C'était hyper marrant, on passait notre temps à se dire combien la vie
était belle, que ce moment devrait durer pour toujours, avec tout ce
bien-être à partager absolument avec tout le monde, c'est classe
surtout qu'on était dans un champ de maïs.
J'ai tout le temps envie
de pleurer pour l'instant (d'ailleurs là je pleure ahaha), c'est de la
bonne came en tout cas (dans le sens où la came soulage pendant un
moment).
En ce moment, je comprends tout à fait la jouissance de
Kerouac quand il a écrit "Sur la route". Il a écrit sur un rouleau de
papier de 36 mètres qu'il déroulait sur la route comme ça. Sauf qu'il
écrivait une putain d'histoire, lui.
J'aimerais bien pouvoir
raconter une histoire, c'est quand même classe de s'immiscer dans
l'imagination des gens. En fait c'est vraiment ça, un roman, c'est un
support à imagination. L'écrivain il fait rien du tout, il n'y a pas de
bons livres, il n'y a que des bons lecteurs. La vache, c'est une putain
de bonne phrase ça, je vais l'écrire en grand et gras.
Il n'y a pas de bons livres, il n'y a que des bons lecteurs.
Je vais mettre aussi un avertissement au-dessus de la note, parce que bon quand même, je ne voudrais pas que des gens aient l'idée de lire toute cette tartine jusqu'ici! Enfin, je sais aussi que ça donne l'effet inverse, mais ça sera marrant. (je crois que marrant est le mot que j'emploie le plus. je crois que je suis un peu (ahaha) pour la simplification du vocabulaire. Je veux dire, il faut laisser un part au "feeling", à l'imagination (encore elle). Quand je dis "marrant" ou "cool", je pourrais dire burlesque, amusant, bizarre, spécial, intriguant, gai, et même mieux si je suis en forme, mais ça catégoriserait trop le truc. Il faut que la personne le ressente comme moi, juste en écrivant "marrant". C'est quand même cool le minimalisme et tout ça. Normalement le concept je crois, c'est qu'une fois que t'es un maître dans quelque chose, tu te permets de revenir vers la simplification. Le plus facile pour expliquer, c'est dans certaines bédé. Les mecs ils savent hyper bien dessiner et pourtant, ils font deux points pour les yeux, un trait pour la bouche et pas de nez. (Enfin ce n'est peut-être pas un bon exemple mais je n'ai pas envie d'en chercher un autre.) Et ce qui est marrant là-dedans c'est que des imposteurs, comme moi héhéhé, peuvent prétendre faire du "minimalisme" alors que c'est leur niveau réel! Si ça c'est pas excellent. En fait, j'ai un autre exemple. Ma femme de mère fait de la sculpture, et elle est vachement douée. Je m'y suis mis aussi un peu, pour combler mon ennui, sauf que je suis un peu nullos avec mes mains. Mais comme j'ai un peu d'imagination et que je fais des trucs un peu déjantés, il me suffit de prétexter que je fais exprès de faire mal les mains, les pieds et le visage (super durs à faire) et on dirait que je suis plus douée qu'elle! fin de la parenthèse.)
Si vous êtes arrivés jusqu'ici, c'est pas ma faute, je vous avais dit de pas lire. Waah ça fait un bien fou de se sentir déresponsabilisé d'infliger de la merde à lire à des gens. Enfin, ils vont bien voir des skyblogs ou des facebooks, leur temps n'est pas si précieux que ça tout compte fait.
C'est ici que je vais parler de C. à mon avis. J'hésitais, parce que elle, elle se fiche pas mal de parler de moi la coquine héhéhé, c'est ce que j'aime en elle, et elle le sait (alors je suis foutu!).
Ça me rappelle le "concours des milles messages" avec R., ou encore quand on a compté jusqu'à mille. Mille! Ce sagouin a même écrit les nombres de un à mille sur une feuille ahaha. Là, j'écris depuis une heure et quatre minutes (d'après ce que je disais au début). Je pensais pas que j'en serais capable, mais maintenant que j'y suis ça me paraît très naturel, facile. Tout le monde devrait faire ça une fois.
Je vais bientôt m'arrêter, je crois. Enfin, pas brusquement, ça, ça me les brise, ceux qui font ça, et y'a des spécialistes. Comme si le fait d'arrêter l'histoire d'un seul coup, en plein vol, ça pouvait masquer le fait qu'ils n'arrivent pas à écrire l'atterrissage... Moi je préviens, je vais bientôt arrêter, pas sur une idée ou quoi, ou une réflexion (comme dans les dissertations, où il fallait finir sa conclusion par une "ouverture à de nouvelles réflexions"), non juste comme ça tout doucement, en ne disant rien, en ne disant rien du tout comme tout au long de ce texte, non en ne disant vraiment rien.